9 avril 2018, il est 4h du matin. Je me réveille le corps fourbu après une courte nuit passée recroquevillé dans ma voiture. Mes yeux me piquent, le manque de sommeil se fait sentir. Arrivé la veille et après avoir tourné plusieurs fois autour du site, je décide de stationner sur le parking de la petite église. Le halo jaunâtre du lampadaire éclaire la rue transversale. J’ai peur de me faire embarquer ma voiture lors de cette opération policière. Une heure de marche me sépare du village de Notre Dame des Landes et du site de la ZAD. J’entame la marche et allume une cigarette histoire de passer le temps. J’arrive enfin à la Vacherie puis  dépasse la Rollandière. Il fait nuit noire. J’aperçois alors quelques lampes frontales et me dirige dans leur direction afin de faire le point sur la situation. « On les attendait à 6h mais ils ont commencé à 3h », m’informe le petit groupe. Les 5 personnes, tout de noir vêtues, me dévisagent avec mon appareil en bandoulière.  » Tu travailles pour qui?  » Il faut montrer patte blanche, les photographes ne sont pas forcément les bienvenus sur le site. D’ailleurs on se demande bien comment travailler à notre époque que ce soit en France où à l’étranger. Les belligérants, comme les forces de l’ordre, sont méfiants envers les photographes, l’omniprésence de l’image, son pouvoir, ses manipulations font peur…