À l’époque soviétique, le Donbass incarnait les succès de l’industrialisation. Ce nom évoquait des mines, des montagnes de charbon et des rivières d’acier. Le Donbass attirait depuis les régions les plus reculées de l’URSS, des hommes, des familles, qui n’avaient pas peur de travailler dur. Depuis 2014, cette région est devenue une république autoproclamée séparée de l’Ukraine. Donetsk, une de ses principales villes, est située sur la ligne de front ; il suffit d’ailleurs de prendre un bus pour accéder en 10 minutes à la zone de conflit. Malgré les accords de Minsk-II signés en février 2015 et ratifiant un cessez-le-feu entre l’Ukraine et le Donbass, les bombes continuent de pleuvoir. Elles frappent les civils qui, tant bien que mal, tentent de survivre dans ce contexte de guerre. Ceux qui restent sont le plus souvent les personnes les plus agées qui ne veulent pas quitter leurs biens, leur terre, qui ne veulent pas déranger leurs enfants exilés, qui ne pensent plus à l’avenir mais à un passé qu’ils ont connu communiste. Ils ont par la suite vécu l’indépendance de l’Ukraine et désormais ils subissent la guerre. Pendant ce temps, au front, les soldats ont chacun leur raison pour tenir la ligne: les uns combattent parce qu’ils veulent conserver l’âme russe du Donbass, les autres sont persuadés qu’ils s’opposent toujours au fascisme (l’Ukraine était alliée au régime d’Hitler)… Ironie de l’Histoire, lorsque les soldats creusent des tranchées sur la ligne la plus avancée, la ligne zéro, ils redécouvrent celles du front russe de 1945